Arrabal Fernando

Ceci n'est pas un blog

Du lundi 13 mai au samedi 18 mai 2024

Version française

Lundi 13 mai : 

B O U R R I C O T 

               Trois mois avant sa mort, saint Thomas d’Aquin a subi un choc soudain – « commotus » – qui l’a transformé – « mira mutatione ». Il a cessé de dicter à sa brigade de secrétaires [comme je l’ai toujours envié…] son dernier traité sur la Pénitence, de la troisième partie de son étonnante et brillante Somme. Il a expliqué qu’il ne pouvait plus dicter une ligne de plus et a ajouté : 

              – « Tout ce que j’ai écrit est de la paille ». 

             Ramón Gómez de la Serna affirme avoir vu, il y a environ un siècle, dans la rue Carretas, un livre qu’il n’a pas acheté, intitulé « Alfalfa espiritual para los borregos Cristo » (Luzerne spirituelle pour les moutons du Christ).

              Thomas avait probablement 60 ans lorsque la plume lui est tombée des mains.  Son propre âne, qui avait transporté le saint jusqu’à sa dernière demeure au monastère de Fossanova, a réagi à sa mort d’une manière si étrange que seul un autre âne aurait pu me l’expliquer. Il rompit la corde qui l’attachait à la mangeoire et  luzerne, sortit en courant et tomba mort au pied du cercueil qui renfermait Santo Tomaso. 

           Combien de fois, sans comparer l’incomparable, ai-je ressenti cette désillusion ; Kafka l’a-t-il aussi partagée avant de mourir ?  Cette mélancolie se manifeste-t-elle comme l’effet excitant d’une drogue, ouvre-t-elle la porte du royaume de la lucidité ?

       Quel dommage qu’un âne ne vienne pas m’accompagner dans mon dernier voyage ! 

       Quand rien « résout tout » ?

***

Mardi 14 mai : 

T A U P E S

            Thierry Wolton (né en 1951) évoque dans son livre précis (plusieurs prix importants) les « très respectables citoyens que le communisme avait introduits en France de 1919 à 1990 au service d’une des plus grandes monstruosités de l’Humanité : le Goulag ». 

          Ces citoyens « se distinguaient par leur culture, leur amour de la musique et de l’art «  (page 289).

Ils passaient leurs jours et leurs nuits à rechercher des informations stratégiques.   Ils envoyaient à Moscou des pages et des pages de révélations essentielles. 

        Pauvres gens !  Ces rapports méticuleux et interminables qui ont  jamais été envoyés par toutes les « taupes » ont-ils  fini par faire tomber le communisme ?  Après avoir transformé le KGB en la plus absurde bibliothèque de Babel que Borges ait pu imaginer pour la recherche et la capture du dissident ou du contestataire qui finirait sa vie  torturé dans un cachot. 

         Comme l’a montré Kant à Königsberg : « le caméléon ne montre-t-il sa couleur que lorsqu’il est uni à un autre caméléon ?

***

Mercredi 15 mai : 

MICHEL del CASTILLO

                  Le grand romancier, best-seller, prix Renaudot, prix Fémina etc. et membre de l’Académie royale de Belgique où il a succédé à l’historien Georges Duby, MICHEL del CASTILLO, est né le 2 août 1933 à Madrid. 

        Il m’a écrit un court et unique message manuscrit le 23 février 1992. Il commence par « qui mieux que vous peut comprendre ce texte »  et se termine par «  avec estime et amitié ».

        A Saragosse, dans une pension, l’adolescent Miguel, seul, abandonné, est gravement malade ; la propriétaire dit au médecin [« Le crime des pères »].

             -Il n’est ni grand ni gros. Un petit cercueil suffira ». 

             Candelas (Candi), fille d’Antón :   

           – « Mon père a tué plus de cent personnes, il a terrorisé la ville, c’est un bourreau, un monstre. Les gens l’appelaient 114 à cause du nombre de personnes qu’il a tuées ».   

             Le livre se termine par une lettre de MICHEL JANICOT del CASTILLO à Candi : 

            -«  Pardonnez-moi. Je voulais fuir l’ Espagne comme je l’ai fait en 1953.  Après  t’avoir vue et entendue, je ne suis plus sûr de ma haine de l’Espagne et des Espagnols. … Je reste déchiré comme tu es toi-même déchirée » . 

             À l’évidence, « le temps n’a-t-il pas de réalité objective ? » .

***

Jeudi 16 mai : 

E X O R C I S T E

     François Hauter (né lui aussi en 1951 ?), alors qu’il était rédacteur en chef des pages culturelles du Figaro, m’a invité au restaurant Le Grand Colbert à Paris. Il m’a raconté comment, après avoir terminé ses études de théologie, il avait pris la place d’un pasteur protestant dans un village d’Alsace pendant un été.

           – «  Un agriculteur m’a demandé d’« exorciser » une de ses vaches possédée par le diable. Comme je n’étais pas en mesure de faire face à la situation, j’ai demandé à un collègue catholique de m’aider.  Il m’a enseigné le rite et les formules nécessaires pour ce cas. Grâce à la cérémonie, j’ai réussi à chasser le diable du corps de la vache». 

         Puis il a reconnu :          – « Les exorcistes sont au mieux la risée générale ? » .

         Malheureusement, je n’ai jamais revu le globe-trotter cultivé qu’était François Hauter ?  On me dit qu’il écrit toujours – et je m’en réjouis – depuis la Chine et qu’il continue à publier dans Le Figaro. Mais aussi dans la New York Review of Book, Politique Internationale, Le Débat, Le Temps de Genève ? 

          – « La seule proposition prouvée d’un concept est le théorème d’incomplétude ».

***

Vendredi 17 mai : 

C O L O P H O N

  Mes livres de bibliophilie… . Quel dommage que le grand romancier et prodigieux archiviste Michel Butor se soit occulté et qu’il ne puisse malheureusement plus compter méticuleusement le nombre de ses livres de bibliophilie  et, accessoirement, les miens.   Selon lui, nous étions toujours en tête avec deux mille ouvrages  chacun. 

Bien entendu, ses livres et les miens ont tous été et sont toujours publiés avec un colophon.   

 Avec eux, nous faisons partie de la chaîne du savoir qui a commencé il y a 3000 ans avec les scribes (ou prêtres) du temple sommaire d’Uruk. 

          Dans les colophons des livres d’Uruk, le nombre de lignes de la tablette d’argile, les premières lignes, le titre, la revendication ? le début, le lieu où se trouvait la bibliothèque du temple, le nom du scribe… ?

      Plus ou moins comme aujourd’hui.   Comme dans la France du XXIe siècle.  Comme au XVe siècle. Le premier colophon imprimé en français date de 1476.  

          Gurdjieff affirme  cette évidence : « Si nous avions compris tout ce que nous avons lu, nous saurions ce que nous cherchons ».

       Confucius  comme toujours en avance sur son temps  : « Lire sans méditer est une occupation inutile ».

      La pensée est si limitée « par rapport à la transcendance ».

***

Samedi 18 mai :

F A N G E ?

           L’Algérien Saint Augustin écrit dans ses Confessions :  

     – « J’ai brûlé dans le torrent impétueux des passions, j’ai transgressé toutes les lois ». 

        Le prodigieux chanteur et compositeur de Rock and Roll, le Géorgien LITTLE RICHARD confesse :

    – «  Le diable contrôlait mon cerveau… Comme des chiens, une nuit, trois amis et une jeune fille, nous nous  sont livrés à une formidable orgie, nus ».

      Saint Augustin :

       – Les épines de la passion grimpaient jusqu’à mon cerveau.  De plus en plus vicieux, je batifolais dans la boue ».

        Little Richard :

        – « J’étais dans le pouvoir des ténèbres du diable,  de Satan ».

      Saint Augustin :

       – « Je me délectais d’amours changeantes et sombres. Ma mère était la fidèle servante de Dieu. Elle a pleuré pour moi plus que les autres mères ». 

        Little Richard :

        – « Ma mère était la femme la plus digne que l’on puisse trouver.  Elle a toujours prié pour moi.

      Saint Augustin :

       –  « Mon cœur se dissolvait dans la débauche libidineuse. Ma mère me disait :

« à quoi bon gagner le monde si tu  perds ton âme ?».  

        Little Richard figurera dans tous mes films, dans mes sept films, et dans toutes les pièces que j’ai mises en scène et que je mettrai en scène au théâtre.

      [Elvis Presley : Les plus grands. 

       David Bowie : Mon inspiration.

       Elton Jones : Le meilleur. 

       Chuck Berry : Le grand créateur. 

       Paul Mac Cartney : Le plus grand du Rock’n Roll.

       Jim Hendrix : La voix.  

       etc etc]

        Comment distinguer : « en haut ou en bas , pour ou contre, à droite ou à gauche, pile ou face… »? .

Versión español

Lunes 13 de mayo :

B O R R I C O 

               Tres meses antes de morir Santo TOMASO DE AQUINO sufrió una conmoción súbita -« commotus « – que le transformó  – « mira mutatione ». Dejó de dictar a su brigada de secretarios   [como le he envidiado siempre] su último tratado sobre  La Penitencia,  de la tercera parte, de su sorprendente y brillante Summa. Explicó que ya no podía dictar una línea más   y además añadió:

              – « Todo lo que he escrito es paja ». 

             Ramón Gómez de la Serna aseguró  que (hace más o menos un siglo) vio un libro,  que no compró,  en la calle Carretas que  se titulaba « Alfalfa espiritual para los borregos de Cristo ».

              Probablemente Tomaso tenía  60 años  cuando se le cayó la pluma de la mano.  Su propio burro que  había transportado al Santo a su último domicilio  del Monasterio de Fossanova,   reaccionó  a su muerte de forma tan rara que solo otro borrico hubiera podido  explicármela. Rompió la soga que le ataba al pesebre con  alfalfa, salió corriendo y cayó muerto al pie del ataúd que encerraba a Santo Tomaso . 

           ¡Cuántas veces sin comparar lo incomparable  he sentido esa desilusión.  ¿También la compartió Kafka antes de morir?  Esa melancolía se manifesta ¿como el efecto excitante  de una droga?  ¿Abre la puerta del reino de la lucidez ?

       ¡Qué pena que un borrico no venga a acompañarme en mi último viaje ! 

      Cuando nada « ¿lo resuelve todo? ».

***

Martes 14 de mayo :

T O P O S 

    Thierry Wolton  (nacido en 1951) se refiere en su preciso  libro (varios premios importantes)  a los « respetabilísimos ciudadanos  que el comunismo había introducido en Francia  de 1919 a 1990 para servir a una de las mayores monstruosidades de la Humanidad:  el Gulag

     Estos ciudadanos « llamaban la atención por su cultura,  su amor por la música y el arte (página 289). Pasaron sus días y sus noches  buscando informaciones estratégicas.   Enviaban a Moscú páginas y páginas  de revelaciones esenciales. 

      ¡Pobre gente!  Estos informes meticulosos e infinitos  enviados por todos los « topos »  habidos y por haber   terminaron ¿por desmoronar al comunismo?  Tras haber convertido  al KGB en la más absurda Biblioteca de Babel que hubiera podido imaginar Borges  para  la búsqueda y captura  del disidente o contestatario que terminaría su vida encalabozado y torturado. 

   Como lo mostró Kant en Königsberg:  « el camaleón solo exhibe su color ¿cuando se ayunta con otro? »

***

Miércoles 15 de mayo :

MICHEL del CASTILLO

 El gran novelista, best-seller, premio Renaudot, premio Femina etc  y miembro de la Academia Real  de Bélgica  donde tomó la sucesión del historiador  Georges Dubuy,  MICHEL del CASTILLO, nació el 2 de agosto de 1933 en Madrid. 

Me escribió un corto y único mensaje manuscrito el 23 de febrero de 1992. Comienza por « qui mieux que vous peut comprendre ce texte »   y termina por « avec estime et amitié ».

 En Zaragoza  en una pensión el adolescente Miguel  solo,  abandonado, está gravemente enfermo;    la patrona dice al médico [« Le crime des pères »].

             -« No es ni alto ni gordo. Un pequeño ataúd  sera suficiente ». 

             Candelas (Candi) la hija de Antón:   

           – « Mi padre asesinó a  más de cien personas;  aterrorizó la ciudad, es un verdugo, un monstruo. La gente le llamaba el 114  por el número de los que había matado.   

             El libro termina  con una carta de MICHEL JANICOT del CASTILLO a Candi: 

             -« Perdóname. Deseaba escapar a España  como en 1953.  Después de haberte visto y oido no estoy seguro  de mi odio a España  y a los españoles.   … Je reste déchiré comme tu es toi-même déchirée ». 

             Evidentemente « ¿no tiene realidad objetiva el tiempo? ».

***

Jueves 16 de mayo :

E X O R C I S T A

 François Hauter (¿también nacido en 1951?) cuando era redactor de las páginas culturales del Figaro me invitó en el  Restaurant Le Grand Colbert de París. Me contó que tras haber concluido  sus estudios de Teología sustituyó a un pastor protestante  en un pueblo de Alsacia  durante un verano.

 – « Un campesino me pidió que « exorcisara »  a una de sus vacas poseída por el diablo. Como era incapaz de hacer frente a la situación  pedí la ayuda de un colega  católico.  Este me enseñó el rito y las fórmulas requeridas, por el caso. Logré echar gracias a la ceremonia al diablo del cuerpo de la vaca. 

 Luego reconoció: 

         – « Los exorcistas   en el mejor de los casos ¿son el haz-me-reir general? ».

         ¿Desgraciadamente nunca más volví a ver al cultísimo trotamundos   François Hauter?  Me dicen que sigue escribiendo- y me alegro-   desde China y que sigue publicando  en Le Figaro. Pero  también en New York Review of Book, Politique Internationale,  Le Débat, Le Temps de Génova… 

 – « la única proposición probada de un concepto  es el teorema de ‘incompletitud’ ».

***

Viernes 17 de mayo :

C O L O F Ó N

    Mis libros de bibliofilia… . Qué  pena que el gran novelista y prodigioso archivista  Michel Butor se ocultara y que desgraciadamente no pueda seguir contando meticulosamente el número de sus bibliofilias y de paso los  míos.   Según él estuvimos siempre en cabeza con dos mil libros cada uno. 

Obviamente sus  libros y los míos  se editaron  y se editan todos con colofón.   

Con ellos formamos  parte de la cadena del conocimiento  que se inicia hace 3000   años con  los escribas (o los sacerdotes) del templo sumario de Uruk. 

 En los colofones de los libros de  Uruk se hacía  constar  el número de líneas de la « tableta »  de arcilla,  las primeras líneas,  el   titulo, ¿la reclama? , el inicio, el lugar donde se hallaba la Biblioteca del templo,  el nombre del escriba…

 Más o menos como hoy.   Como en la Francia del siglo XXI.  Como en el siglo XV. 

El primer colofón impreso en francés  es de 1476.  

Gurdjieff asegura una evidencia:  « Si hubiera comprendido yo, todo lo que he leído, sabría lo que busco ».

Confucio se adelantó como siempre: « Leer sin meditar es ocupación inútil ».

El pensamiento es tan limitado « respecto a la transcendencia ».

***

Sábado 18 de mayo :

¿ F A N G O ?

El argelino  San Agustín escribe en sus Confesiones

– «Me quemaba en el torrente impetuoso de las pasiones, trasgredía todas las leyes ». 

El  prodigioso cantante y compositor de Rock  and  Roll, el georgiano  LITTLE RICHARD  se cenfiesa:

– « El diablo controlaba mi cerebro  … Como perros una noche tres amigos y una jovencita hicimos desnudos una tremenda orgía ».

San Agustín: 

 – « Los espinos de la pasión subían hasta mi cerebro.  Cada vez era mas vicioso  retozaba en el fango » .

        Little Richard:

 –  «  Estaba en poder de la obscuridad, del Diablo, de Satanás ».

  San Agustín:

       – « Me deleitaba  con amores cambiantes y tenebrosos. Mi madre era la fiel sirvienta de Dios. Lloró más por mí que las otras madres ». 

  Little Richard:

 – « Mi madre  fue la más digna mujer que puede encontrarse.  Siempre rezó por mí ».

      San Agustín:

       -« Mi corazón se disolvía en  desenfrenos libidinosos   . Mi madre me decía:

«¿de qué te sirve ganar el mundo, si pierdes tu alma ?».  

        Little Richard figurará en todo mi cine, en mis siete películas,  y en todas las obras que he dirigido y dirigiré  en el teatro .

      [ Elvis Presley:  The greatest. 

       David Bowie: My inspiration.

       Elton Jones: The best. 

       Chuck Berry: The great originator. 

       Paul Mac Cartney: The greatest of Rock’n Roll .

       Jim Hendrix: The voice.  

       etc etc]

       ¿ Cómo distinguir: « arriba o abajo ,a favor o en contra, a la derecha o a la izquierda, cara o cruz… »?