Arrabal Fernando

Dictionnaire

Dictionnaire des littératures

« Un théâtre fou, brutal, clinquant, joyeusement provocateur. Un potlatch dramaturgique où la carcasse de nos sociétés « avancées » se trouve carbonisée sur la rampe festive d’une révolution permanente. Il hérite de la lucidité d’un Kafka et de l’humour d’un Jarry ; il s’apparente, dans sa violence, à Sade ou à Artaud. Mais il est sans doute le seul à avoir poussé la dérision aussi loin. Profondément politique et joyeusement ludique, révoltée et bohème, elle est le syndrome de notre siècle de barbelés et de goulags : une façon de se maintenir en sursis. »
— Dictionnaire des littératures, Éditions Bordas

CONVERSATION
de José Antonio Gallardo Cubero et Fernando Arrabal 
 
 
1 -Vous venez de recevoir deux nouvelles distinctions prestigieuses pour votre carrière littéraire et artistique : le prix d’honneur de Zenda et le prix et insigne  Abderramán III de l’Université de Cordoue. Que signifient pour vous ces deux distinctions ?
 
 
                  1 – Je suis à la fois ravi et surpris d’avoir reçu et de recevoir les prestigieuses distinctions de Zenda, Ciudad Rodrigo, Valladolid, Castille, Cordoue, Leon, Paris, Séoul, New York et bien d’autres.  
                      Cela confirme également ce qui a été déclaré ici et là et que j’ose même répéter avec une infinie modestie :
                   Il n’y a rien de comparable dans le monde (ni dans les universités américaines) à ce que j’ai conservé sans rien vendre
                –de ma fréquentation ou de mon amitié avec les génies picturaux, littéraires ou cinématographiques de ce siècle et du précédent;
                   -d’une oeuvre personnelle qui est à ce jour l’une des plus représentatives de son temps ?
 
 
2. L’année dernière, vous avez reçu le prix des Arts de Castille et Léon. Ce prix vous a été remis récemment lors de l’ouverture de la commémoration du 125ème anniversaire du Teatro Nuevo de Ciudad Rodrigo, qui, entre autres, porte votre nom; où, a été jouée votre  pièce « Y pusieron esposas a las flores » (Et ils passerent des menottes aux fleurs). Parallèlement, il y a quelques jours, l’Institut Cervantès de Paris invitait sur ses réseaux sociaux à approfondir votre œuvre et votre vie littéraire. L’incontestable  reconnaissance publique et notoire incontestable dont vous jouissez actuellement en Espagne vous fait-elle reconsiderer, d’une manière ou d’une autre, la vision que vous en aviez auparavant ?
 
            2 – Toujours, hier et aujourd’hui (et « systématiquement » ?) sans exception, je reçois cordialement quiconque m’admet sans aucune exigence contraire à mes aspirations.
 
 
3. Justement, lors de votre récente visite à Ciudad Rodrigo, on a annoncé la création d’un « projet culturel unique » vous concernant, qui sera – a-t-on dit – du même niveau que le MOMA de New York, le Centre Pompidou de Paris ou le Musée Dalí de Figueras. Pouvez-vous nous donner quelques informations à ce sujet ? Il est impossible d’énumérer tous vos prix et vos distinctions…..  Je peux citer, parmi beaucoup d’autres et à titre d’exemple : le prix Nadal du roman, le grand prix de théâtre de l’Académie française, le prix Nabokov du roman, le prix Wittgenstein de philosophie, le prix Espasa de l’essai, le prix World’s Theater du théâtre, le prix Mariano de Cavia, la médaille du mérite des beaux-arts du ministère de la culture, le prix du théâtre national et la grand-croix de l’ordre civil d’Alphonse X le Sage.  Vous êtes docteur honoris causa de l’université Aristote de Thessalonique. Vous   avez été nommé chevalier de la Légion d’honneur, la plus haute distinction française (créée par Napoléon en 1802). Vous dites que votre  biographie est votre « héraut ». Peut-on s’habituer à tant de récompenses et de reconnaissances ? Comment gérez-vous – émotionnellement – l’équilibre entre votre succès incontestable et l’ego de l’artiste ?
 
             3 – La réception ou non de ma vocation n’a aucune influence sur ma mission.
 
4. Depuis plus d’un an, vous écrivez quotidiennement vos « arrabalesques », vos miscélanées et vos impromptus (le dernière en hommage à David Lynch, intitulé : Hallucination ?), pour El Imparcial…, vous continuez d’écrire et de publier des livres, vous continuez de participer à des événements et à des présentations, vous continuez de donner des interviews….. À 92 ans, …., votre activité ne semble jamais faiblir. Pouvez-vous partager le secret ou la formule de l’élixir de votre éternelle jeunesse ?
 
                  4 – Avec des milliers d’articles publiés de L’Express au NYTimes, et dans mon pays de ABC à El Mundo et El País, je me réjouis d’avoir la joie d’être toujours présent dans la presse.
 
5. Votre pièce emblématique (et intemporelle) PIC NIC…. que vous avez écrite à l’âge de 14 ans…. est actuellement considérée comme la pièce la plus jouée au monde. Ce n’est pas pour rien qu’elle a été jouée en près de 40 langues….. Pouvez-vous, à ce stade, la revisiter et la commenter brièvement à notre époque ?
 
                       5- « Arrabalaïquement » ? ma première pièce écrite Pic nic est, malheureusement, d’une effroyable actualité, alors que les bombes tombent d’al-Khurṭūm, Jumhūrīyat as-Sūdān (  Khartoum, Soudan ) à Naypyidaw, Pyidaungzu Thammada Myanma Naingngandaw (” Rangoon, Birmanie ).
 
 
6. FANDO Y LIS…. est un autre de vos classiques immortels….. Pourriez-vous le commenter aujourd’hui ?
 
            6 – C’est l’histoire d’amour d’un meteco espagnol qui, en essayant de dire Luce, n’a pu dire que Lis (comme Picasso).
 
7. Le charismatique et important journaliste Mel Gussow du New York Times a déclaré que vous étiez le seul survivant des quatre avatars de la modernité (le surréalisme, le mouvement  panique, la pataphysique et Dada). De la position privilégiée que vous avez occupée et que vous occupez encore dans ces mouvements artistiques d’avant-garde ou modernes …. pouvez-vous nous dire… si dans la littérature et dans l’art en général, n’importe quelle époque du passé a été bien meilleure ?
 
        7 – En elles, j’ai vécu et je vis dans une fontaine de merveilles.
 
8. Très peu de personnes dans le monde ont eu le privilège d’avoir des amis comme les vôtres : Eugène Ionesco, Andy Warhol, Spike Lee, Tristan Tzara, Michel Houellebecq, Salvador Dalí, Picasso, Marcel Duchamp, Samuel Beckett, René Magritte, Antoni Tápies, Jim Morrison (The Doors), Botero, Alejandro Jodorowsky, Roland Topor, André Bretón, Vicente Aleixandre, Camilo José Cela, Borges, Milan Kundera, Antonio Garrigues Walker, Luis María Ansón, Luis Alberto de Cuenca, etc. parmi tant d’autres… Appelle-t-on  chance le savoir?
 
                        8 – Ce fut et c’est toujours une grande chance, qui commence avec mon institutrice de maternelle, l’inoubliable et bien-aimée thérésienne : « mère » Mercedes.
 
9. Dans les années 50 et 60, alors que personne d’autre ne le faisait, vous …. vous  dénonçiez déjà ouvertement les tyrans-dictateurs, la violence contre les femmes, le manque de visibilité des personnes handicapées, l’absurdité de la guerre, l’oppression de l’individualité des êtres humains et de la liberté de pensée/opinion/expression, la violation des droits de l’homme, etc. (il suffit de lire, pour s’en convaincre, vos célèbres et reconnus chefs-d’œuvre intemporels PIC NIC, FANDO Y LIS, etc.) Cela vous a sans doute valu de nombreux problèmes…. et aussi…. l’exil à partir de 1955. Avec le recul….. cela valait-il la peine de se sacrifier et de faire des efforts ?
 
         9 – Ce qui m’aurait fait mal, c’est de ne pas avoir dit aux tyrans ce que je ne pouvais pas taire. 
 
10. Tout ce qui précède a sans aucun doute fait de vous un authentique « mythe ou une icône culturelle». En effet, … sur Amazon, eBay, etc…. sont vendus pour votre légion de suiveurs  et de fans inconditionnels… des t-shirts et des mugs avec votre image et vos phrases les plus singulières… Certaines de vos interventions à la télévision accumulent, comme on le sait, des millions de vues sur Youtube… Sans aller plus loin…. l’interview que David Broncano a récemment réalisée avec vous pour l’émission « La Revuelta » de la RTVE … a été un succès absolu auprès du public… et des critiques… D’ailleurs…. le lendemain de cette interview, vous étiez un trending topic sur les réseaux sociaux… et de nombreux internautes n’avaient pas encore  assez apprécié l’interview… et en redemandaient… tout cela prouve-t-il que vous êtes intemporel (pour les différentes générations), inclassable et absolument unique ? L’univers d’Arrabal est-il plus juste et plus fort que jamais ? Avez-vous l’intention d’ » arrabaliser » tout ce que vous touchez, comme le disait Alejandro Jodorowsky ?
 
             10 – Il est toujours si généreux ! Je n’arrabalise même pas le succès public déconcertant des influenceurs.
 
11. Vous avez été finaliste du prix Cervantes en 2001, avec le soutien de Camilo José Cela, José Hierro et Francisco Umbral. Une  publication  a d’ailleurs affirmé que vous étiez l’un des finalistes du prix Nobel de littérature 2005. J’ai demandé à Artificial Intelligence de justifier pourquoi vous devriez recevoir le prix Nobel de littérature …. et elle m’a répondu ce qui suit : « Fernando Arrabal est un auteur dont l’œuvre  laissé une marque indélébile dans la littérature contemporaine. Sa contribution au théâtre, à la narration  et à la poésie est vaste et multiforme, et se distingue par son originalité, sa profondeur et sa capacité d’innovation. Fernando Arrabal mérite le prix Nobel de littérature. Sa contribution à la littérature et son impact sur la culture mondiale témoignent de son génie et de sa consécration  à l’art. Bien, qu’il semble …. dans votre cas …. que le réel et le virtuel ou l’artificiel ….. soient d’accord …. Avez-vous des objections à l’IA ?
 
             11 – Je pense qu’il y a peut-être plus d’enthousiasme et de promesses pour l’IA des poètes, que pour les poèmes de l’IA.
 
 
12. Vous avez dû quitter l’Espagne – en exil – en 1955. Depuis lors, vous vivez à Paris (France). A l’époque, vous étiez considéré par Franco comme l’un des cinq Espagnols « les plus dangereux » …. avec Santiago Carrillo et La Pasionaria …… Pourquoi n’avez-vous jamais voulu renoncer à votre nationalité espagnole alors que beaucoup d’autres personnes dans la même situation l’ont fait ? D’ailleurs, que vous a apporté Paris ?
 
                     12 – La France m’éblouit et me rend fou presque autant que l’Espagne.
 
 
13. Vous ne cessez de revendiquer d’être espagnol qu’est-ce que vous regrettez de  l’Espagne, Fernando ? Quels souvenirs vous  rappellent les villes où vous avez vécu, Melilla, Ciudad Rodrigo, Madrid, Getafe, Valence, etc.
 
                 13 – J’ai eu la chance de vivre dans des villes qui ont illuminé mon enfance et mon adolescence de manière décisive et unique.
 
14) Comment aimeriez-vous être mentionné ou classé dans les manuels de littérature ? …
 
              14 – Tel que je suis corps et âme : Fernando Arrabal. 
 
15) Qu’est-ce qu’un « arrabalesque » ?
 
              15.- Une coïncidence de la confusion subtile exacte et opportune.
 
16. Buñuel et d’autres grands du cinéma (comme aujourd’hui Albert Serra)… ont apprécié, reconnu …vos  films que lui juge méconnus et entraves. Le succès international de votre film « Viva la Muerte » si souvent projetés  depuis plus de 50 ans  avec des prix fréquentes – dans ces festivals de cinéma les plus prestigieux et les plus réputés, comme Cannes (qui l’a projeté restauré en 4K en 2022). Est bien connu que  Raymond L. Bruckberger a déclaré dans Le Monde : « Arrabal est au cinéma ce que Rimbaud est à la poésie ». Avez-vous  jeté l’éponge pour que votre filmographie soit également reconnue et acceptée en Espagne ?
 
                   16 – Viva la muerte et mes six autres longs métrages sont une partie essentielle de ma vie de poète. 
 
17. De nombreuses années se sont écoulées depuis votre célèbre intervention sur RTVE « El Mundo por Montera » de votre homonyme Fernando Sánchez Dragó… en laquelle vous avez annoncé en une phrase apocalyptique qui restera à jamais la vôtre : « le millénarisme va arriver ». Après les COVID, les incendies de Los Angeles, les inondations de Valence, la guerre en Ukraine, l’intelligence artificielle, etc. …… Le millénarisme est-il arrivé ? Tout est-il une confusion ou n Tohu-bohu ?
 
                                                                     17.- Le millénarisme, ( χιλιασμός dérivé de χίλιοι / khílioi, « mille ») : est un système de pensée qui attend le paradis  terrestre  retrouvé…  comme Cervantès estimait que sa meilleure œuvre était La confusa,  disparue et occultée…
 
 
 
18. Le Don Quichotte de la Manche de Cervantès, que nous admirons tant, dit : « celui qui lit beaucoup et marche beaucoup, voit beaucoup et sait beaucoup ». Répondez  : Êtes-vous aussi savant qu’on le dit ?
 
         18 – Je ne vois que le reflet de moi-même.  
 
19. À quoi ressemble une journée quelconque  pour vous ? Écrivez-vous sur un nouveau projet en ce moment ?     
 
         19 – Mon temps est-ce l’éternité?
 
20. David Broncano…. 10 minutes après le début de l’entretien, a dit:  « Je voulais être votre ami pour toujours ». Est-ce facile d’être votre ami ? Qui sont vos amis aujourd’hui, à part les bien connus Houellebecq, Jodorowsky, Jack Lang, etc.
 
       20.-   L’admirable charabia et le jargon  de Stéphane Mallarmé.
 
21 – Connaissez-vous la rivalité entre David Broncano de la RTVE et Pablo Motos d’Antena 3 TV dans le créneau du prime time ? Accepteriez-vous une interview par Pablo Motos, sachant qu’il est habituel que la plupart des invités participent aux deux émissions ?
 
             21 – Je ne le savais pas.   Je n’oserais pas dire « A plus tard !
 
22. Vous avez toujours été considéré comme un libre penseur….. sans étiquette politique….. Est-ce vraiment le cas aujourd’hui ?
 
               22.- Quand ce que l’on dit devrait être plus clair que ce que l’on pense. Le fanatique n’est pas aveugle !
 
23 – Que représentent les échecs pour vous, et jouez-vous encore tous les jours des parties d’échecs simultanées en ligne ?
            23 – Une frustration d’avoir commencé à jouer si tard ; et une joie quotidienne : réfléchir devant un échiquier.
 
24 – Comment définissez-vous l’homme panique de nos jours ?
 
                         24.- Il exige tout de l’espoir et moins de l’individualité, ou est-ce l’inverse ?  
 
25. Pour terminer cette conversation ….. Pouvez-vous me répondre par un « arrabalesque » à la question suivante : après avoir passé les dernières semaines en Espagne ….. alors que tout le monde et les médias qui vous louent unanimement comme jamais….. existe-t-il une possibilité, même si elle est lointaine ?
        
                   25 – Lointaine?
                          Suis-je enkysté en moi-même ?
 
      
________________________________________________ 

ENTREVISTA-CONVERSACIÓN

de  José Antonio Gallardo Cubero y Fernando  Arrabal 

 
 

1. Acaba de recibir dos nuevos prestigiosos reconocimientos por su trayectoria literaria y artística; el Premio Zenda de Honor y la insignia Abderramán III de la Universidad de Córdoba ¿Qué suponen uno y otro premio para usted?

 
 
                  1.- Tan gozoso como sorprendido he recibido y recibo  las prestigiosos evocaciones de   Zenda, Ciudad Rodrigo,Valladolid, Castilla, Córdoba, León, París, Seul, Nueva York   y tantos otros.  
                      ¿Se confirma  también con ello? lo que se declara aquí y allá   e incluso con infinita modestia me atrevo a repetir:
                   Nada hay en  el mundo comparable (ni en las universidades americanas)  a  lo que   he guardado sin vender nada; 
                -de mi frecuencia o amistad con con los genios  pictóricos,   literarios o cinematográfico de este siglo y el precedente;
                   -una obra personal  que hasta hoy mismo   es ¿de las más representativas de su época?

2. El año pasado obtuvo el Premio de las Artes de Castilla y León. Premio que le fue entregado recientemente en la apertura de los actos de conmemoración del 125º aniversario del Teatro Nuevo de Ciudad Rodrigo que lleva su nombre; en el que se representó su obra “Y pusieron esposas a las flores”. Al mismo tiempo, hace unos días, el Instituto Cervantes de París  invitaba en sus redes sociales a profundizar en su obra y su vida literaria. El incuestionable reconocimiento público y notorio que está teniendo en España en la actualidad, ¿le hace replantearse, de algún modo, la visión que tiempos atrás usted tenía en relación a ello?

 

            2.- Siempre, ayer y hoy (y ¿« sistemáticamente »?)  sin excepción alguna, recibo  cordialmente a quién me admite  sin exigencia contraria a mi afán.

3. Precisamente, en su reciente visita a Ciudad Rodrigo se anunció la creación de un “proyecto cultural único” en relación con usted, que estará -según se indicó- al mismo nivel que el MOMA de Nueva York, el Centro Pompidou de París o el Museo Dalí de Figueras. ¿Nos puede adelantar alguna información en relación a ello? Resulta imposible de enumerar, todos sus Premios y distinciones….  Sí puedo citar, entre otros muchos y a modo de ejemplo: el Premio Nadal de Novela, el Gran Premio de Teatro de la Academia Francesa, el Premio Nabokov de Novela, el Wittgenstein de Filosofía, el Premio Espasa de Ensayo, el World’s Theater de teatro, el Premio Mariano de Cavia, la Medalla al Mérito de Bellas Artes del Ministerio de Cultura, el Premio Nacional de Teatro y la Gran Cruz de la Orden Civil de Alfonso X el Sabio.  Es “Doctor Honoris Causa” por la Universidad Aristóteles de Salónica. Y fue nombrado Caballero de la Legión de Honor de Francia; que es la más importante de las distinciones francesas (creada por Napoleón en 1.802). Usted dice que su biografía es su « pregonera ». ¿Uno llega a acostumbrarse a tantos premios, reconocimientos y distinciones? ¿Cómo gestiona -emocionalmente- el equilibrio entre su indudable éxito y el ego del artista?

 

             3.- La acogida o no de mi quehacer no influye en absoluto en mi cometido.

4. Desde hace más de un año ha estado escribiendo diariamente sus « arrabalescos”, escritos y entremeses (el último en homenaje a David Lynch, titulado: ¿Alucinación?), para El Imparcial…, sigue escribiendo y publicando libros, sigue acudiendo a actos y presentaciones, sigue dando entrevistas…. A sus 92 años…. su actividad parece no resentirse nunca. Es usted, infatigable y desde luego, un verdadero ejemplo. ¿Puede compartir el secreto o la fórmula del elixir de su eterna juventud?

 

                  4.- Con los miles de artículos publicados  desde L’Express hasta NYTimes, y en  mi país desde  ABC hasta El Mundo o El País,   celebro  tener la dicha de estar siempre presente en la prensa.

5. Su emblemática (y atemporal) obra de teatro PIC NIC….que usted escribió a los 14 años…. es considerada, actualmente, como la más representada en el mundo. No en vano ha sido representada a casi 40 idiomas….¿Puede, en este momento, revisitar la misma y hacer un breve comentario sobre ella en los tiempos actuales?

                       5.- ¿« Arrabalaïquement »?  mi primera obra escrita Pic nic es, desgraciadamente, de pavorosa actualidad, cuando caen bombas ¿desde  al-Khurṭūm,   Jumhūrīyat as-Sūdān  (« Khartoum, Sudán ») hasta  Naypyidaw,  Pyidaungzu Thammada Myanma Naingngandaw (« Rangún, Birmania »)?
 
 

6. FANDO Y LIS…. es otra de sus obras clásicas inmortales….. ¿La podría comentar en el momento actual?

            6.- Es una historia de amor   de un meteco español   que intentando  decir  Luce solo podía  decir (como Picasso) Lis.
 

7. El carismático e importante periodista Mel Gussow del New York Times afirmó que usted es el único superviviente de los cuatro avatares de la modernidad (Surrealismo, movimiento Pánico, Patafísica y Dadá). Desde la privilegiada posición que usted ocupó y ocupa en esos movimientos artísticos de vanguardia o de la modernidad…. puede decirnos…si en la literatura y en el arte en general, ¿cualquier tiempo pasado fue mucho mejor?

 
        7.- En ellos viví y vivo en una fuente de  maravillas.
 

8. Muy pocas personas en el mundo, han tenido el privilegio de contar con amigos como los tuyos: Eugène Ionesco, Andy Warhol, Spike Lee, Tristan Tzara, Michel Houellebecq, Salvador Dalí, Picasso, Marcel Duchamp, Samuel Beckett, René Magritte, Antoni Tápies, Jim Morrison (The Doors), Botero, Alejandro Jodorowsky, Roland Topor, André Bretón, Vicente Aleixandre, Camilo José Cela, Borges, Milan Kundera, Antonio Garrigues Walker, Luis María Ansón, Luis Alberto de Cuenca, etc. entre otros muchos…¿Al saber le llaman suerte?

 

                        8.- Fue y es una gran ventura , que comienza con mi maestra de párvulos, la inolvidable y amada teresiana:  « madre »  Mercedes .

9. En los años 50 y 60, cuando no lo hacía nadie, usted…. ya denunciaba abiertamente….a los tiranos-dictadores, la violencia contra la mujer, la falta de visibilidad de las personas con discapacidad, lo absurdo de la guerra, la opresión a la individualidad del ser humano y a la libertad de pensamiento/opinión/expresión, la vulneración de los Derechos Humanos, etc. (basta leer, para comprobar lo que digo, sus famosas y reconocidas obras maestras atemporales PIC NIC, FANDO Y LIS, etc.).Ello le trajo, sin duda…..muchos problemas….y también…. el exilio desde el año 1955.Visto todo ello con perspectiva….. ¿Le ha merecido la pena el sacrificio y el esfuerzo?

 
         9.- Lo que me hubiera dolido es no  decirle a los tiranos lo que no podía callar. 
 

10. Todo lo anterior le ha convertido a usted, sin duda alguna, en un auténtico « Mito o Icono Cultural ». De hecho,…. en Amazon, eBay, etc…. se venden para su legión de acólitos y fans incondicionales…..camisetas y tazas con su imagen y sus frases más singulares………Algunas de sus intervenciones en TV acumulan, como es sabido, millones de visitas en Youtube….. Sin ir más lejos….la entrevista que recientemente le hizo David Broncano para el programa de RTVE « La Revuelta »…. fue un éxito absoluto de audiencia…. y de crítica…. De hecho….al día siguiente de esa entrevista, usted fue trending topic en las redes sociales…. y a muchos internautas se les había quedado corta la entrevista…y pedían más…¿Todo ello es una prueba de que usted es atemporal (entre las diferentes generaciones), inclasificable y absolutamente único? ¿El universo Arrabal está ahora más vigente y tiene más fuerza que nunca? ¿Pretende « arrabalizar » todo lo que toca, como solía decir Alejandro Jodorowsky?

 
             10.- ¡Es tan  generoso siempre! Yo no arrabalizo ni la desconcertante audiencia de los  influyentes.
 

11. Usted fue finalista del Premio Cervantes en 2001, con el apoyo de Camilo José Cela, José Hierro y Francisco Umbral. La publicación Le Mage afirmó, por otra parte, que fue uno de los finalistas para el Premio Nobel de Literatura de 2005. He preguntado a la Inteligencia Artificial que me justifique porqué usted debe ser reconocido con el Premio Nobel de Literatura….Y me ha respondido textualmente lo siguiente: « Fernando Arrabal es un autor cuya obra ha dejado una huella indeleble en la literatura contemporánea. Su contribución al teatro, la narrativa y la poesía es vasta y multifacética, destacándose por su originalidad, profundidad y capacidad de innovación. Fernando Arrabal merece ser galardonado con el Premio Nobel de Literatura. Su contribución a la literatura y su impacto en la cultura global son testimonio de su genio y dedicación al arte ». Aunque parece….que en su caso…. lo real y lo virtual o artificial…..están de acuerdo….¿Tiene algo que objetar o reconvenir a la IA?

 

             11.- Pienso quizás con mayor ilusión y promesa  a la IA   de poetas que  a los poemas de la  IA.

12. Usted tuvo que abandonar -exiliado- España en 1955. Desde entonces reside en París (Francia). En su momento fue considerado por Franco como uno de los cinco españoles “más peligrosos”….junto a Santiago Carrillo y la Pasionaria…. ¿Porqué usted nunca ha querido renunciar a su nacionalidad española cuando otras muchas personas en su misma situación sí lo hicieron? En todo caso, ¿qué le ha dado París?

 

                     12.- Me encandila y enloquece  Francia casi como España.

13. Usted reivindica una y otra vez su españolidad. ¿Qué echa de menos de España, Fernando? ¿Qué recuerdos le traen ahora a la memoria ciudades en las que vivió en su momento, Melilla, Ciudad Rodrigo, Madrid, Getafe, Valencia, etc.?

 
                 13.- Tuve la suerte de vivir en ciudades que iluminaron mi infancia y adolescencia de forma decisiva y única.
 

14. ¿Cómo le gustaría que se le mencione o clasifique en los libros de texto de literatura? No se haga el remolón…y conteste sinceramente….

 
              14.- Como lo que soy cuerpo y alma: Fernando Arrabal 

15. ¿Qué es un « arrabalesco »?

 
              15.- Una coincidencia de la confusión aguda oportuna y puntual.

16. Buñuel y otros grandes del Cine (como actualmente, Albert Serra)…han apreciado, reconocido…..y vendesaparecida y ocultada erado sus películas de cine. El éxito internacional de su película « Viva la Muerte » con proyecciones frecuentes -desde hace más de 50 años- en los festivales de cine más prestigiosos y reputados, como Cannes (que la proyectó restaurada en 4K en 2022), es conocido. Raymond L. Bruckberger ha afirmado en Le Monde: «Arrabal es al cine lo que Rimbaud a la poesía».¿Ha tirado la toalla en cuanto que su filmografía tenga en España igual reconocimiento y aceptación?

 
                   16.- Viva la muerte  y mis otros seis largo-metrajes son parte esencial de mi  anhelo de  poeta 
 

17. Han transcurrido muchos años desde su intervención famosa en RTVE « El Mundo por Montera » de su tocayo Fernando Sánchez Dragó…… en la que usted anunció una frase apocalíptica que será suya para siempre: « el milenarismo va a llegar ». Después del COVID, los incendios de Los Ángeles, las riadas de Valencia, la guerra en Ucrania, la Inteligencia Artificial, etc….. ¿El milenarismo ha llegado? ¿Todo es confusión o Tohu-bohu?.

 
                                                                                        17.-  El milenarismo, ( χιλιασμός  derivado de χίλιοι / khílioi, «mil»): es un sistema de pensamiento que espera el paraíso terrenal recobrado…como  Cervantes  creía que su mejor obra era la desaparecida y ocultada La confusa
 
 

18. D. Quijote de la Mancha de nuestro admirado Cervantes dice: « el que lee mucho y anda mucho, ve mucho y sabe mucho ». Conteste sin rodeos, ni arrabalescos: ¿Es usted tan sabio como se dice?

            18.- Yo solo puedo ver  de mí   mi reflejo  

 

19. ¿Cómo es un día cualquiera para usted? ¿Está, ahora, trabajando en algún proyecto nuevo?

 

               19.- Mi tiempo ¿es la eternidad?

20. David Broncano….a los 10 minutos de la entrevil »quería ser su amigo para siempre ».¿Es fácil ser su amigo? ¿Quiénes son sus amigos en la actualidad, además de los ya conocidos Houellebecq, Jodorowsky, Jack Lang, etc.?

          20.-El admirable galimatías y  jerigonza de Stéphane Mallarmé.

21. ¿Conoce la rivalidad, en la franja de máxima audiencia televisiva, entre David Broncano de RTVE y Pablo Motos de Antena 3 TV? ¿Aceptaría una entrevista por Pablo Motos, sabiendo que suele ser bastante habitual que gran parte de los invitados acudan a los dos programas?

 
             21.- Lo desconocía.   No  me atrevería a decir ¡Hasta luego!
 

22. Usted siempre ha sido considerado como un librepensador….. sin etiquetas políticas…. ¿Ello es realmente así, actualmente?

 
               22.-  Cuando lo que decimos  debería ser más claro que el pensamiento ¡El fanático no es ciego!
 

23. ¿Qué representa el ajedrez para usted? ¿Sigue jugando partidas de ajedrez simultáneas on line todos los días?

            23.- Una frustración por iniciar  a jugar tan tarde; y una dicha  cotidiana: reflexionar ante un tablero.

 

24. ¿Cómo define en la actualidad al hombre pánico?

                         24.- Lo exige todo de la esperanza y menos de la individualidad  ¿O sería al revés?  
 

25. Para acabar esta conversación….. ¿me puede contestar con un « arrabalesco » a la siguiente pregunta?: Tras haber pasado en España las últimas semanas….. con todo el mundo y los medios de comunicación alabándole, unánimemente, como nunca…..¿Existe alguna posibilidad, aunque sea remota.

        25.- ¿Remota? 

                          ¿Estoy enquistado  en mí mismo?

ARRABAL Fernando (né en 1932). Ecrivain d’origine espagnole, né à Melilla, il vit à Paris depuis 1955.  » Le théâtre, a écrit Arrabal. est surtout une cérémonie, une fête, qui tient du sacrilège et du sacré, de l’érotisme et du mysticisme, de la mise à mort et de l’exaltation de la vie.  » Tout la théâtre d’Arrabal est dans cette formule. Un théâtre fou, brutal, clinquant, joyeusement provocateur. Un potlatch dramaturgique où la carcasse de nos sociétés  » avancées  » se trouve carbonisée sur la rampe festive d’une révolution permanente. Car, s’il écrit en français, Arrabal a passé son enfance en Espagne, et il a grandi en même temps que la dictature militaire : il a été témoin de la destruction des libertés, de la répression policière, de la corruption des armées et de l’Eglise, de la misère du peuple. Sans avoir cela à l’esprit on ne pourrait comprendre son úuvre. Pour Arrabal, l’Occident est en déclin, et il s’agit d’en précipiter la décomposition en accélérant celleci sur la scène, d’en souligner les contradictions dans un immense éclat de rire. Bien sûr, il n’est pas le premier à faire un tel diagnostic; il hérite de la lucidité d’un Kafka et de l’humour d’un Jarry; il s’apparente, dans sa violence, à Sade ou à Artaud. Mais il est sans doute le seul à avoir poussé la dérision aussi loin. Sous la chaux vive de son cynisme guignolesque, le monde familier s’effrite comme un décor de carton-pâte. Le rire devient alors un rituel d’évasion, une catharsis capable de déjouer la peur qui hanta l’enfance du dramaturge. Il y a là une énergie cannibale, un hédonisme de la confusion qu’Arrabal appelle volontiers le  » panique « , tout à la fois un happening et un opera mundi, une tragédie et une farce, un mélange de répugnant et de sublime, de mauvais goût et de raffinement, de vulgarité et de poésie… C’est ce sens du paradoxe qui fait l’originalité d’Arrabal : le réel ici est toujours magique, et le rêve s’escamote sans cesse dans le sordide.

On pourrait donc, après Artaud, parler d’un théâtre de la cruauté, parce que tout y bascule en son contraire. L’amour, par exemple, de Fando et Lis (1955) à Bestialité érotique (1968), est ici toujours lié à la mort, à l’infirmité, à la violence sadomasochiste, à la destruction de l’autre. Ainsi, dans une pièce comme Le Grand Cérémonial (1963), on assiste aux manies expiatoires d’un Casanova hideux qui sacrifie des proies sans défense : chez Arrabal, la femme est souvent à la fois une victime innocente et une putain, telle Mita dans Le Tricycle (1953). De même, dans Le Jardin des délices (1967), l’amour de l’homme et de l’animal (un gorille monstrueux) s’orchestre selon les pulsions d’un érotisme bestial qui semble sortir de l’enfer de Jérôme Bosch… L’imagination d’Arrabal suscite alors des délires baroques et surréalistes qui sentent parfois la surcharge, même s’ils sont traversés de splendides bouffées lyriques.

Quant aux personnages de ce théâtre, ils sont constamment déracinés, étrangers, décalés de leur propre destin; les deux petits vieux de Guernica (1959), par exemple, passent à côté du massacre comme si cela ne les concernait pas… Sans âge, sans identité véritable, souvent dans la mécanique d’une fiction qu’ils ne peuvent maîtriser. En eux, on retrouve parfois Don Quichotte, mais un Don Quichotte noir, bourré de culpabilité, un pantin victime de la Loi, du Père, du Surmoi, de l’Ordre. Ce thème apparaît dans La Bicyclette du condamné (1959) et dans Le Labyrinthe (1967), ou encore dans L’Architecte et l’Empereur d’Assyrie (1966), une gesticulation inouïe où s’entredéchirent deux êtres condamnés l’un à l’autre comme dans un scénario à la Beckett. Mais parfois la plume d’Arrabal quitte le terrain de l’absurde pour des formes d’intervention nettement plus  » engagées « , directement révolutionnaires : c’est le cas avec L’Aurore rouge et noire (1968), une pièce qui intègre quantité de moyens audiovisuels, ou avec Baal Babylone (1959), un roman obsessionnel où défile toute la cruauté de l’Espagne franquiste Arrabal en a tiré un film : Viva la muerte (1971).

Réalisme glacial ou onirisme débordant, on ne sait jamais avec Arrabal, si l’úuvre appartient au fantasme, au ricanement ou au témoignage. Et c’est justement ce qui fait son attrait : elle désoriente, elle provoque. Profondément politique et joyeusement ludique, révoltée et bohème, elle est le syndrome de notre siècle de barbelés et de goulags : une façon de se maintenir en sursis.

Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Ut elit tellus, luctus nec ullamcorper mattis, pulvinar dapibus leo.